Information détaillée concernant le cours

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Titre

Feminist Sciences Studies. En collaboration avec le Programme Doctoral Romand en Sociologie

Dates

1-3 juin 2015

Organisateur(s)/trice(s)

Laura Piccand (UNIGE) Stéphanie Pache (UNIL)

Intervenant-e-s

Delphine Gardey (UNIGE), Aude Fauvel (UNIL), Stéphanie Pache (UNIL), Laura Piccand (UNIL), Elsa Dorlin (Paris VIII), Ilana Löwy (INSERM Paris), Julie Mazaleigue-Labaste (Université de Picardie), Julie De Ganck (Université libre de Bruxelles), Michal Raz (EHESS), Eva Rodriguez (Paris VIII), Christel Gumy (UNIL)

Description
   

Le module se propose d’offrir un espace de rencontre et de travail pour les jeunes chercheur·e·s du domaine des études féministes, sociales et historiques des sciences, sous la forme d’ateliers thématiques, qui seront, d’une part, l’occasion d’échanger autour de leurs objets d'études et des problématiques spécifiques qui émergent de ceux-ci, et, d’autre part, celle de discuter plus largement la situation des feminist science studies dans l’espace francophone. Nous invitons également des chercheur·e·s plus avancé·e·s s’inscrivant dans cette approche pour contribuer à ces échanges. Une table ronde est ainsi prévue pour discuter de la question des traductions disciplinaires et culturelles dans ce champ. Il s’agit aussi de développer la connaissance de ce domaine et d’offrir une introduction aux problématiques et aux épistémologies de ce domaine pour les personnes intéressées à découvrir ces approches scientifiques. Les études féministes des sciences sont non seulement traversées, mais constituées de débats, c’est pourquoi ces journées sont composées de discussions collectives permettant précisément de nourrir ces échanges.

 

Ce projet de journées d'études est issu du travail collaboratif commencé en 2013 au sein du réseau francophone Sciences, Sexes & Médecines (France/Suisse/Belgique). Ce réseau se donne pour but de tisser des liens entre les personnes (notamment des doctorant-e-s et jeunes chercheurs/chercheuses) travaillant sur ou autour de l’objet « sexe » dans les savoirs, les techniques et les pratiques des sciences de la nature et de la vie. L’idée est de construire une communauté intellectuelle et scientifique variée dans ses méthodes et ses approches disciplinaires, tout en s'inscrivant dans la tradition renouvelée des études critiques et féministes des sciences.

 
Lieu

Château de Bossey

Information

Programme

 

Lundi 1er juin 2015

 

Dès 16h Accueil des participant·e·s

 

17h-18h Bienvenue et présentation des participant·e·s et du module

 

18h30-20h Repas collectif

 

Mardi 2 juin 2015

9h-10h30 Atelier introductif : Construire une base de discussion

 

            Animation : Stéphanie Pache & Laura Piccand

 

10h30-10h45 Pause

 

10h45-12h15 Atelier 1: Une cartographie scientifique et politique des études féministes des sciences

 

            Animation : Julie De Ganck & Laura Piccand

 

12h15-13h30 Repas de midi

 

13h45-15h15 Atelier 2: Qu’est-ce qu’une science féministe ?

 

            Animation : Eva Rodriguez & Michal Raz

 

15h15-15h45 Pause

 

15h45-17h45 Table ronde : Les études féministes des sciences : expériences, trajectoires et résistances

 

            Animation : Christel Gumy

 

            Intervenantes : Elsa Dorlin, Delphine Gardey, Aude Fauvel, Ilana Löwy

 

18h30-20h Repas collectif

 

Mercredi 3 juin 2015

 

9h-10h30 Atelier 3 : Penser à plusieurs (Échanges en petits groupes)

 

            Responsable : Laura Piccand & Eva Rodriguez

 

10h30-10h45 Pause

 

10h45-12h15 Atelier 4: Faire face aux conditions matérielles de la recherche (Interdisciplinarité, institutions, stigmatisation)

 

            Animation : Julie Mazaleigue-Labaste & Stéphanie Pache

 

12h15-13h30 Repas de midi

 

14h-15h30 Atelier conclusif & prolongations

 

            Animation : Michal Raz & toutes

 

Présentation des ateliers

 

 

Atelier Introductif

 

Construire une base de discussion

 

Cet atelier constitue comme son nom l’indique une introduction au module, à son contenu comme à sa forme. Il s’agit de proposer une manière de penser et débattre collectivement, avec des chercheur·e·s de disciplines et d’expériences variées. Pour ce faire, nous sommes d’avis que certaines conventions doivent être explicitées et adoptées démocratiquement.

 

Les études féministes des sciences relèvent d’une approche particulière, située, minoritaire, mais il s’agit aussi de discuter sa pertinence en général, pour l’ensemble des projets scientifiques. Cette ouverture nous semble devoir être mise à l’œuvre concrètement dans cette formation. Nous aborderons très brièvement le contexte d’émergence du domaine, les premières questions et l’évolution des réflexions des chercheuses, qui seront évoquées plus longuement dans l’atelier suivant.

 

Il s’agit en effet dans ce premier atelier de se familiariser a minima avec ce qui motive les chercheuses féministes des sciences, le type de problématiques soulevées, pour opérer un certain cadrage dans notre projet de mettre en place une base de discussion commune. Nous espérons faire cela en mettant en discussion le cadre de nos échanges et leurs objectifs, de même que les termes de ces débats, au sens littéral : de quoi parle-t-on en usant de certains mots, comme « féministe », « science », « genre », « politique », « épistémologie », « nature », etc. ?

 

Cet atelier peut aussi être le lieu où l’on revient sur les attentes et les questions particulières des participant·e·s, afin d’évaluer l’opportunité de modifier des priorités dans le programme du module.

 

 

Atelier 1

 

Une cartographie scientifique et politique des études féministes des sciences

 

Comme toute théorisation, les outils conceptuels et les idées développées au sein des études féministes des sciences ont une histoire. Ces théories et concepts sont en effet des réponses, du moins des tentatives de solution à des problèmes posés à une époque donnée dans un lieu donné. Loin d’émerger de nulle part et de « tenir » tout seuls, les savoirs sont produits, élaborés par des personnes de chair et de sang, pour être ensuite discutés au sein d’un groupe de personnes et éventuellement adopté par lui. Bien qu’abstraites, les idées entretiennent donc des liens étroits avec le monde matériel et incarné dont elles sont issues. Par ailleurs, en tant que tentatives de résolution de questions particulières, les concepts et théories ont vocation à transformer le réel, du moins sa compréhension.

 

Durant la seconde partie du vingtième siècle, la démocratisation de l’enseignement supérieur et sa féminisation ont permis à un plus grand nombre de femmes de réaliser des carrières scientifiques. Parallèlement, les féministes de la seconde vague ont remis en question les valeurs attribuées à la maternité. Aux Etats-Unis, les mouvements féministes remettaient en question les normes médicales sur le corps des femmes et faisait une critique de la famille en tant qu’espace de domination. Les femmes scientifiques se posaient des questions sur leur position en tant que femmes, tandis que les savoirs scientifiques sur les femmes étaient passés au crible. Ces réflexions convergeaient vers une remise en cause d’une vision universelle et désincarnée des personnes productrices de savoir pour mettre en lumière les causes et les effets, tant matériels qu’épistémologiques, de la minorisation des femmes. Ancrée dans une réflexion critique sur les systèmes de domination, les recherches féministes ont été fortement enrichie par les critiques formulées par différents mouvements, dont le Black Feminism. Intersectionnalité et savoirs situés vont en effet main dans la main. Ces questionnements autour des institutions et des personnes productrices de savoirs ont eu des implications multiples. Mais certains objets et certaines questions se sont avérées être plus « utiles » que d’autres, en ce sens qu’ils concentraient des enjeux importants. Parmi ces objets, les questions liées au corps et à ses traitements avaient une place de choix, et en rejoignaient d’autres à propos des catégories de pensée. La critique féministe des sciences abouti de la sorte à la remise en cause de la neutralité du savoir, en allant au delà d’une dénonciation des « dérives » politiques d’une science biaisée.

 

Porter un regard rétrospectif sur les routes empruntées, les trajectoires et les carrefours ayant déterminé l’édification de ces savoirs, c’est se donner les moyens de comprendre le contenu des théories en les replaçant dans leur contexte historique et au sein des débats d’où elles ont émergé. En adoptant cette démarche, cet atelier a comme objectif de familiariser les participant.e.s avec le contenu et le contexte d’émergence de ce champ de recherche tout en posant les balises d’une réflexion au sujet des réceptions, traductions et circulations de ces savoirs dans l’espace francophone. En effet, étant donné les enjeux à la fois politiques et scientifiques liés à certaines questions ou objets d’étude, la constatation des absences, décalages, refus ou transformations de ces savoirs au sein de l’espace francophone constitue en soi un bon point de départ pour une réflexion sur les contextes et enjeux spécifiques à ce champ de recherche émergent en francophonie.

 

 

Atelier 2

 

Qu’est-ce qu’une science féministe ?

 

La question que pose l’intitulé de cet atelier soulève volontairement quelques problèmes. Ainsi formulée, elle sous-entend qu’il existerait une forme de pratique et de savoir scientifique féministe que nous nous proposerions de définir. Pourtant, la relation entre science et féminisme qu’offre le syntagme « science féministe », n’a rien d’évidente, les deux termes étant régulièrement renvoyés dos à dos. Le féminisme, comme positionnement politique qui vise à l’analyse et à la transformation des rapports de pouvoir de genre est souvent présenté comme l’opposé de la science conçue comme discours de vérité désengagé qui cherche à expliquer la réalité. Que serait alors une « science féministe », et quel pourrait être son objet ou sa méthode ? Une première tentative de réponse peut être apporter par cette formule de Christine Delphy (1998, 273) : « une science féministe – ou prolétarienne – veut parvenir à expliquer l’oppression ; pour ce faire, elle doit en partir ». Partant des prémisses matérialistes et marxistes des théories du point de vue, les épistémologies féministes ont travaillé l’idée que ce qui constitue un désavantage en terme d’oppression peut constituer un avantage en terme de science. Les opprimé-e-s, parce qu’ils et elles n’ont pas intérêt à faire passer leur oppression pour la réalité, seraient dans une position privilégiée pour montrer comment la réalité se construit vraiment. Contre la neutralité et la prise de distance comme critères d’objectivité, les savoirs situés proposent au contraire d’accroître l’objectivité dans le positionnement, en avançant l’idée qu’une objectivité est d’autant plus « forte » (Harding 1986), qu’elle est située ou « encorporée » (Haraway 1988).

 

Dans quelle mesure la perspective partiale constitue un gage de « meilleure science » et quelles sont les implications épistémologiques d’une telle assertion ? Qu’est-ce qu’une approche féministe des sciences ? Que signifie adopter une perspective de recherche féministe sur nos objets ? Plus concrètement, comment travaille-t-on dans une perspective féministe sur des objets, des théories, des méthodes qui sont souvent aveugles aux effets de pouvoir qu’elles (re)produisent ? Que pourrait être une pratique de recherche féministe ? Comment les études féministes contribuent-elles à dynamiser nos recherches, par l’introduction de problématiques, d’objets, de savoirs, de manières de voir et de faire longtemps disqualifiés par des disciplines dont il s’agit précisément d’interroger l’androcentrisme ? Comment continuer à susciter des questionnements et des perspectives nouvelles, à même d’enrichir les réflexions internes et entre nos disciplines ?

 

À partir de ces différentes questions et de celles qui surgiront en fonction de nos propres objets de recherche, dans cet atelier, nous proposons de poursuivre ces questionnements, afin de réfléchir ensemble aux outils fournis par le féminisme pour penser et transformer les espaces de savoirs et les rapports de pouvoir qu’ils reconduisent.

 

 

Atelier 3

 

Penser à plusieurs

 

Dans cet atelier, il s’agira de se donner un cadre pour discuter de questions qui auront émergé chez les participant-e-s durant les ateliers du jour précédent, en particulier sur ce que ceux-ci auront peut-être réveillé par rapport aux objets et aux méthodologies de recherche propres à chacun-e. Quels apports, ou au contraire, quelles tensions, font émerger les propositions scientifiques et politiques formulées par le champ des feminist science studies dans le travail des participant·e·s ? Au-delà de cet aspect, l’idée est également de pouvoir aborder collectivement les problèmes très concrets qui se posent lorsqu’on se propose d’utiliser les outils méthodologiques d’une part des études sociales des sciences (histoire, sociologie des sciences,…) et d’autre part des études genre (notamment, les apports des approches situées (stand-point theory)) : Quelles sont les difficultés inhérentes à la récolte et à l’analyse de matériaux empiriques produits par les sciences de la vie (entretiens, articles, etc.) ? Comment envisager nos positions, en tant que chercheur·e et comme individu·e·s toujours situé·e·s à l’intersection de rapports de pouvoir qui s’imbriquent (genre, classe, race, âge…) et la façon dont ces positions participent ou non à nos façons de « faire science » ? Des questions très diverses (celles-ci, ou d’autres !) pourront être ainsi discutées dans ce moment d’échange, selon les envies et les besoins des participant·e·s.

 

 

Atelier 4

 

Faire face aux conditions matérielles de la recherche

 

(Interdisciplinarité, institutions, stigmatisation)

 

Il s’agira dans cet atelier d’aborder les problèmes liés aux conditions matérielles et institutionnelles de la recherche pour les jeunes chercheuses et chercheurs, à partir des situations et des difficultés concrètes rencontrées et d’un partage des expériences. L’attention sera portée aux questions formulées par les participant·e·s, puisqu’il s’agit de répondre aux questions qui se posent à elles et eux dans le cadre de leur métier de chercheuse·eur.

 

À partir d’un état des lieux des différentes situations (recherche financée ou non, situation de doctorat ou de post-doctorat, etc.), on propose d’aborder les points suivants, qui pourront être complétés en fonction des échanges lors de l’atelier :

 

- Les aspects directement liés à la diffusion et à la publication de ses travaux dès le doctorat, envisagés de manière critique : quelles sont aujourd’hui les exigences en termes de communication scientifique et de publication pour un·e jeune chercheuse·eur dans le domaine des études féministes, sociales et historiques des sciences ? Y a t-il des types et des modalités de diffusions à privilégier (articles, chapitres de livre, etc.), et, le cas échéant, lesquels ? Dans quelle mesure les questions de langue (publications francophones, anglophones, etc.) sont à prendre en compte ?

 

- Les questions liées aux dimensions économiques, avec une information raisonnée sur l’ensemble des possibilités de financement et de recrutement à l’échelle européenne et internationale (notamment financements post-doctoraux).

 

- Les questions institutionnelles. En effet, il est difficile de faire l’économie des dimensions sociologiques liées au métier de chercheuse·eur, et notamment de la question épineuse des réseaux, qui sont tout à la fois sociaux, intellectuels et professionnels et jouent une fonction importante dans les trajectoires individuelles des doctorant·e·s et post-doctorant·e·s (à titre de facilitateurs ou d’obstacles). 

 

- Les difficultés matérielles et institutionnelles liées aux pratiques d’interdisciplinarité inhérentes aux approches féministes et sociales des sciences, mais aussi aux objets des recherches (sexe, sexualité, genre, race, etc.), à moduler en fonction des contextes nationaux, les problèmes se posant différemment d’un pays à l’autre. De fait, l’influence des positions intellectuelles et individuelles des chercheuses·eurs sur les aspects économiques et institutionnelles de la recherche est à prendre en compte. La prise de distance avec les cadres et les hiérarchies disciplinaires traditionnelles génère des effets de marginalisation, en particulier en Europe francophone où l’ancrage historique des études féministes et sociales des sciences est moins fort que dans le monde anglo-saxon, effets qu’il s’agit d’analyser.

 

 

Atelier conclusif & prolongations

 

Pour clore ces journées, nous proposons un moment d'échange qui inclura l'ensemble des participant.e.s. L'objectif de cet atelier est d'abord de faire un retour sur les aspects à la fois théoriques et matériels du module afin de souligner les points positifs, mais aussi les éventuelles critiques constructives.

 

Ce retour collectif permettra également d'ouvrir sur des propositions de prolongement des discussions entamées vers différentes directions. Le deuxième objectif de cet atelier est donc de créer un espace où puissent s'exprimer des besoins et des idées pour y répondre (questions matérielles, de formation, d'approfondissement théorique, de méthode etc.).

 

Etant donné que ce module a été organisé par des membres du réseau Sexes, Sciences, Médecines (adresse de contact: [email protected]), la visibilisation et le développement d’un tel réseau sur le plan local (des projets d'ateliers pour chaque ville par exemple), comme international (amélioration de la collaboration via les ressources en ligne ; organisation de nouveaux événements européens etc.) sont à discuter par exemple. Le fonctionnement du réseau et ses activités passées et futures pourront être ainsi présentés et discutés.

 

 

 

Modalités

 

Les participant·e·s devront préparer une petite présentation écrite et orale (1/2 page A4) et lire les textes indiqués pour la préparation. Les détails de ces tâches leur parviendront ultérieurement.

 

Une participation active est attendue.

Inscription

Délai d’inscription : 1er mai 2015

Informations concernant le déroulement du module

Stéphanie Pache, stephanie.pache(at)gmail(dot)com

Laura Piccand, laura.piccand(at)unige(dot)ch

Informations concernant l’inscription

 Pour les personnes inscrites dans le programme CUSO en Etudes genre : Frédérique Leresche, gender(at)cuso(dot)ch (coordinatrice)

Pour les personnes inscrites dans le programme CUSO en Sociologie : Miriam Odoni, [email protected] (coordinatrice)

Places

25

Délai d'inscription 01.05.2015
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