Information détaillée concernant le cours

[ Retour ]
Titre

Ethnographie féministe du/en mouvement: corps im/mobiles, franchissement des seuils et institutionnalisation des frontières

Dates

10-11 mars 2025

Organisateur(s)/trice(s)
Intervenant-e-s

Ghaliya Djelloul, UNIL

Mériam Cheikh, INALCO

Paris Camille Scholl, EHESS

Julien Debonneville, HES-HETSL

Description

Cette session mêlera des réflexions épistémologique, méthodologique et théorique, au croisement de diverses disciplines (sociologie, anthropologie et géographie) et champs de recherche, en faisant dialoguer des enquêtes portant sur le mouvement entre les espaces (aussi bien la circulation des sujets menant la recherche que la mobilité et la migration comme objets de recherche) et s'ancrant dans une démarche ethnographique féministe. Elle a pour double objectif d'aider les participant·exs à prendre en compte leur propre expérience de sujet « en mouvement » et ses conséquences sur leur choix d'objet, de méthodes, ainsi que ses apports heuristiques pour mieux affiner leur problématisation « du mouvement » dans une perspective féministe qui croise les études genre, de l'espace/urbain et des migrations.

Nous commencerons par poser un cadre de réflexivité critique ou redoublée nécessaire à cette démarche, en nous saisissant des outils qu'offrent les théories féministes pour appréhender la pluralité des rapports de domination qui structurent la relation d'enquête et sont inscrits dans le dispositif de terrain (Module 1). Nous déclinerons ensuite la problématique du mouvement entre les espaces, dans une approche sociologique et géographique du genre et de la migration (Module 2), qui s'intéresse auxdispositifs institutionnels qui cadrent la circulation des corps et la fabrique des subjectivités. Nous débuterons par le travail de Camille Schmoll, et son ethnographie des « survivantes » (2020), revenant sur le vécu quotidien des femmes migrantes en Méditerranée détenues dans des centres aux marges de l'Europe, avant de passer à la recherche menée par Julien Debonneville au sein des institutions philippines de la migration, mettant en lumière la fabrique institutionnelle d'une domesticité globalisée, étroitement liée à des processus d'altérisation qui participent à la disciplinarisation, la moralisation et la normalisation de ces sujets mobiles (2023). 

Nous nous pencherons ensuite sur deux enquêtes menées « en mouvement », à travers des ethnographies qui s'intéressent aux enjeux et pratiques de la circulation des femmes en dehors de l'espace domestique à Alger et Tanger (Module 3). Se saisissant de l'espace comme d'un prisme pour problématiser le pouvoir au croisement du genre et de la sexualité, mais également de la classe et de l'âge, Ghaliya Djelloul montrera l'imbrication complexe entre lien social et mobilités en analysant les résistances quotidiennes que déploient les femmes à Alger pour accroitre leur agentivité spatiale et sociale (desserrement), en dépit d'une institution (la tutelle) qui les en dissuade, à travers un dispositif d'enserrement aux effets variables en fonction de leurs aires résidentielles. Mériam Cheikh interrogera ensuite la pratique du « sortir » de jeunes femmes à Tanger, comme englobant différentes expériences ayant trait au travail sexuel, à une relation amoureuse, à l'intime et/ou au divertissement, de manière non exclusive, montrant ainsi les métamorphoses de l'ordre sexuel et intime dans un contexte d'essor de l'économie du divertissement et d'accroissement des inégalités.

Après ce tour d'horizon épistémologique, méthodologique et théorique, nous reviendrons sur les recherches en cours menées par les participant·exs, afin de leur offrir un espace de partage et de mise en commun des ressources autour des questions soulevées (Module 4). Nous débuterons par une discussion en binôme au sujet des apprentissages et nouveaux questionnements ayant émergé au cours des trois modules précédents, autour de la pratique d'une ethnographie féministe du et en mouvement, à savoir d'une part (1) l'expérience située et incarnée que constitue la recherche, et la négociation et les répercussions de d'implication du·e la chercheur·se·x·s sur l'expérience de l'enquête (la dimension auto-ethnographique), ainsi que (2) les conséquences méthodologiques du choix de l'im/mobilité comme objet de recherche, et les différents types de problématisation des rapports de pouvoir qui peuvent en découler (défis méthodologiques et apports théoriques de ce type d'ethnographie). 

Programme

Jour 1

Module 1: Ethnographie féministe

Discussion collective des textes : 

 

Module 2: Ethnographie de l'im/mobilité (genre, migration, institution, intersectionnalité)

Interventions de :

- Camille Schmoll : « Les damnées de la mer. Femmes et frontières en méditerranée », La Découverte, Paris, 2020. 

- Julien Debonneville : « L'industrie du travail domestique aux Philippines : une fabrique mondialisée de l'altérité » (2023, Presses de l'ENS Lyon).

 

Jour 2 

Module 3: Ethnographie mobile (genre, sexualité, espace, famille, intersectionnalité)

Intervention de 

- Ghaliya Djelloul : « Ma place est dans le Hirak, pas dans la cuisine » : lecture féministe et spatiale des résistances et révoltes quotidiennes de femmes à Alger (2025). 

- Mériam Cheikh, « Les filles qui sortent », Editions de l'Université de Bruxelles, 2020.

 

Module 4 : Réflexions à partir des travaux doctoraux en cours

 

Lieu

Crêt-Bérard

Information
Places

12

Délai d'inscription 07.02.2025
short-url short URL

short-url URL onepage