Information détaillée concernant le cours

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Titre

Observer, décrire et analyser les fabriques des inégalités au travail

Dates

4 nov. 2022

Organisateur(s)/trice(s)

Julien Debonneville, UNIGE

Isabelle Zinn, UNIL

 

 

 

Intervenant-e-s

Alizée Delpierre, Centre de sociologie des Organisations, Sciences Po/CNRS

Gabrielle Schütz, Laboratoire Printemps, Université Versailles St-Quentin-en-Yvelines

Description

Ce module est conçu comme un cadre expérimental offrant la possibilité aux doctorant·es d'approfondir les méthodes ethnographiques. Il s'adresse en priorité à des participant·es ayant déjà recueilli des matériaux ethnographiques (notes de terrain, données d'entretien, analyse de documents) au cours de leur recherche de thèse. Ce module méthodologique propose ainsi d'évoquer les enjeux méthodologiques dans le cadre d'enquêtes ayant traits aux rapports de pouvoir dans les activités de travail, afin de pointer les tensions, les ambivalences et les spécificités entre le travail ethnographique et l'ethnographie du travail. L'enquête ethnographique donne lieu à des descriptions «réalistes» du monde social et permet de rendre compte du sens que les personnes attribuent à ce qu'elles font. L'observation participante accorde ainsi à l'ethnographe le moyen d'endosser une posture de proximité afin de saisir ce qui fait agir et réagir les enquêté·es. Ce module s'intéressera à cette «dimension incarnée» de l'enquête ethnographique en particulier dans les espaces du travail au sens large: est considéré comme du travail l'ensemble des activités, qu'elles soient rémunérées ou non, réalisées dans le cadre d'un travail indépendant, de formes de salariat, d'un travail «informel», dans la sphère productive ou reproductive. Le module doctoral devra nous permettre d'aborder les manières d'observer, de décrire et de comprendre les activités de travail et de discuter ensemble comment une enquête ethnographique peut dégager certains enjeux contemporains (intensification et aliénation du travail, automatisation et transformation digitale dans les métiers de services, travail du care, etc.). A ce titre, ce module portera un intérêt particulier aux rapports sociaux de genre, de classe et de race et décèlera ainsi les manières dont ils organisent les ordres d'interaction, les façons dont ils prennent sens dans une situation donnée et comment ils créent des inégalités. La démarche ethnographique conduit en effet à observer de près les pratiques en train de se faire afin de saisir la complexité de l'imbrication de différentes normes, rendus dominantes ou marginales dans les interactions. Ce module doctoral entend ainsi contribuer à rendre opérantes les différentes façons d'enquêter sur les fabriques des inégalités au travail. Format: Le module abordera plusieurs axes (la prise de note de terrain; l'écriture ethnographique; l'administration de la preuve; le caractère trans-local des catégories situées; les rapports de pouvoir lors de l'enquête de terrain) et articulera différentes modalités (conférence plénière, ateliers thématiques, présentation des doctorant·es, discussions collectives)

Programme

Programme doctoral en Études Genre & Programme doctoral en Sociologie

Observer, décrire et analyser les fabriques

des inégalités au travail

 

4 novembre 2022 à l’Université de Lausanne, Géopolis (Mouline), salle 2238

 

Organisé par Julien Debonneville, UNIGE & Isabelle Zinn, UNIL

 

Intervenantes :

Alizée Delpierre, Centre de sociologie des Organisations, Sciences Po/CNRS & Gabrielle Schütz, Laboratoire Printemps, Paris-Saclay Université Versailles St-Quentin.

 

Présentation du module :

Ce module est conçu comme un cadre expérimental offrant la possibilité aux doctorant·e·x·s d'approfondir les méthodes ethnographiques. Il s’adresse en priorité à des participant·e·x·s ayant déjà recueilli des matériaux ethnographiques (notes de terrain, données d'entretien, analyse de documents) au cours de leur recherche doctorale. Ce module méthodologique propose ainsi d'évoquer les enjeux méthodologiques dans le cadre d'enquêtes ayant traits aux rapports de pouvoir dans les activités de travail, afin de pointer les tensions, les ambivalences et les spécificités entre le travail ethnographique et l'ethnographie du travail.

L'enquête ethnographique donne lieu à des descriptions « réalistes » du monde social et permet de rendre compte du sens que les personnes attribuent à ce qu'elles font. L'observation participante accorde ainsi à l'ethnographe le moyen d'endosser une posture de proximité afin de saisir ce qui fait agir et réagir les enquêté·e·x·s. Ce module s'intéressera à cette « dimension incarnée » de l'enquête ethnographique en particulier dans les espaces du travail au sens large : est considéré comme du travail l'ensemble des activités, qu'elles soient rémunérées ou non, réalisées dans le cadre d'un travail indépendant, de formes de salariat, d'un travail « informel », dans la sphère productive ou reproductive.

Le module doctoral devra nous permettre d'aborder les manières d'observer, de décrire et de comprendre les activités de travail et de discuter ensemble comment une enquête ethnographique peut dégager certains enjeux contemporains (intensification et aliénation du travail, automatisation et transformation digitale dans les métiers de services, travail du care, etc.). A ce titre, ce module portera un intérêt particulier aux rapports sociaux de genre, de classe et de race et décèlera ainsi les manières dont ils organisent les ordres d'interaction, les façons dont ils prennent sens dans une situation donnée et comment ils créent des inégalités. La démarche ethnographique conduit en effet à observer de près les pratiques en train de se faire afin de saisir la complexité de l'imbrication de différentes normes, rendus dominantes ou marginales dans les interactions. Ce module doctoral entend ainsi contribuer à rendre opérantes les différentes façons d'enquêter sur les fabriques des inégalités au travail.

 

 

 

 

 

Textes servant de base pour le module :

 

Alizée Delpierre (2021), « Les "bons" corps de la domesticité : Recrutement physique et jugement esthétique du personnel de maison des grandes fortunes », Genèses, 2 (123), pp.8-27.

Gabrielle Schütz (2006), « Hôtesse d’accueil. Les attendus d’un 'petit boulot' féminin pour classes moyennes », Terrains & Travaux, n° 10, pp. 137-156.

 

Programme détaillé du 4 novembre :

 

8.30 – 09.00

Accueil : café et croissant

 

09.00 – 09.15

Mot de bienvenu et tour de table

 

09.15 – 10.15

Présentation de Gabrielle Schütz, suivie d’une discussion

 

PAUSE

 

10.30 – 12.30

Session « présentation des doctorant·e·x·s »  

·         4 présentations (15 minutes de présentation suivie de 15 minutes de discussion collective)

 

12.30 – 14.00 PAUSE DE MIDI (repas collectif au restaurant de Géopolis)

 

14.00 – 15.00

Présentation d’Alizée Delpierre, suivie d’une discussion

 

15.00 – 17.00 (inclut une pause de 15 minutes)

Atelier d’écriture ethnographique

Les doctorant·e·x·s auront l’occasion de travailler sur leurs matériaux ethnographiques en s’inspirant d’exercices tirés du livre « Alive in the Writing: Crafting Ethnography in the Company of Chekhov » de Kirin Narayan (2012, the University of Chicago Press).

 

17.00 – 17.30

Conclusion et fin des travaux

 

 

 

 

 

 

 

Résumés des conférences :

 

Gabrielle Schütz, Laboratoire Printemps (Paris-Saclay Université Versailles St-Quentin), en délégation CNRS au Centre de sociologie des organisations

 

Saisir les inégalités au travail au prisme des corps, à travers différentes approches méthodologiques

Les inégalités au travail se jouent à différents niveaux : des inégalités hiérarchiques entre employé·es et encadrant·es, des inégalités dans la relation de service entre employée·es et client·es ou encore des inégalités statutaires et de carrière entre employée·es. Elles mettent en jeu différents rapports de domination (genre, classe, race et âge en particulier), qui peuvent les atténuer ou au contraire les renforcer. A partir de trois exemples tirés d’une recherche sur les prestations de services d’hôtesses d’accueil en France dans les années 2000, cette intervention se propose de montrer comment inégalités et rapports de domination au sein d’une activité professionnelle peuvent être saisis au prisme de l’examen des corps au travail, puisque les corps sont façonnés par ces inégalités autant qu’ils les produisent, à travers des pratiques qui les norment, les hiérarchisent et à les mettent en concurrence. Si l’enquête ethnographique est l’outil privilégié pour saisir les corps au travail, avec l’observation et le travail de réflexivité sur la position de l’enquêtrice qu’elle implique, l’intervention montre également l’intérêt (et les difficultés) d’une objectivation statistique des corps, en revenant sur l’expérience de la construction d’une base de données visant à produire des « statistiques ethniques ».

 

 

Alizée Delpierre, Centre de sociologie des Organisations, Sciences Po/CNRS

 

Les différents niveaux d’analyse des inégalités : des relations professionnelles au marché du travail

Les hiérarchies de classe, de race, de genre (et d’autres), s’observent au sein de différents espaces sociaux, que ce soit à l’échelle des interactions et des relations, des organisations ou encore des marchés. À la fois en immersion sur le terrain, plongé·e dans les archives ou encore dans les données statistiques, la/le sociologue peine parfois à établir les liens entre ces différentes échelles d’observation et d’analyse. Comment articuler les inégalités observées lors de l’enquête in situ sur le lieu de travail, et les autres données « macro » collectées, qui nous donnent une vision plus large du marché du travail étudié ? À partir d’une recherche conduite sur la domesticité des grandes fortunes, cette intervention propose aux doctorant·es d’y réfléchir. Nous partirons plus précisément des lieux d’enquête et matériaux mobilisés pour observer comment les grandes fortunes sélectionnent et recrutent leurs domestiques, et des études statistiques qui caractérisent le marché du travail domestique. Nous tenterons de comprendre comment ces données se complètent, et ce qu’elles disent -et ne disent pas- des mécanismes d’inégalités à l’œuvre dans la domesticité.

 

Lieu

Université de Lausanne

Information

 

8.30 – 09.00

Accueil : café et croissants

17.30: fin des travaux

Places

15

Délai d'inscription 26.10.2022
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