Titre

Les écoles de la servitude aux Philippines : des carrières migratoires de travailleuses domestiques aux processus d’altérisation. Pour une approche socio-anthropologique des études postcoloniales

Auteur Julien DEBONNEVILLE
Directeur /trice Delphine Gardey
Co-directeur(s) /trice(s) Elisabeth Prügl
Résumé de la thèse

Cette thèse a pour objectif d’étudier la production des processus d’altérisation dans le cadre de l’économie mondialisée du care en interrogeant les représentations sociales associées à la figure de « la travailleuse domestique philippine », souvent nommé « Filipina » (Philippine). Cette recherche tente de comprendre comment ces processus d’altérisation sont construits dans le contexte du pays de destination, mais également dans le pays d’origine des migrantes, afin de décrire les mécanismes de circulation entre ces deux espaces qui mènent à la production de l’altérité Filipina. Plus spécifiquement, cette enquête décrit, sur la base d’une ethnographie du dispositif migratoire philippin centrée sur les phases de recrutement et de formation des migrantes, comment ce dispositif migratoire constitue un espace social normatif dans lequel différentes techniques de gouvernementalité cohabitent afin de (co)produire une altérité « Filipina » sexualisée et racialisée par l’intermédiaire de la construction de la qualification et de la fabrication des corporalités. Il s’agit ici de mettre en évidence comment les mécanismes de production de « la Filipina » fabriquent et cristallisent des identités au sein des circuits migratoires de l’économie mondialisée du care.

 

La première partie introduit la problématique, les hypothèses de recherche, le cadre méthodologique de cette thèse, ainsi qu’un cadre analytique allant des études postcoloniales à sociologie des migrations en passant par la sociologie des techniques et du travail, et l’anthropologie des rapports de domination. Elle propose à ce titre une analyse des conditions de traduction et de circulation des théories et concepts des études postcoloniales vers les sciences sociales afin de définir les outils d’analyse qui seront mobilisés par la suite.

 

La seconde partie examine la genèse du dispositif migratoire philippin et son ancrage colonial, avant de proposer une analyse des diverses techniques de marquage et de délimitation des frontières de l’altérité. Elle montre ainsi comment les pratiques de recrutement et de formation centrées sur des savoir-faire et des savoir-être sont marqués par des normes de servilité et de docilité héritées de la colonisation américaine qui continuent aujourd’hui de forger l’altérité « Filipina ».

 

Enfin, la troisième partie propose de fragmenter cette figure de « la Filipina » en présentant différents types de carrières migratoires. Cette partie pointe ainsi les formes d’hybridité et de subversion des identités qui se nouent à travers divers types de circulation. Elle souligne également le rôle des imaginaires migratoires dans la construction des carrières migratoires afin de décrire comment la colonialité du pouvoir continue de peser sur ces dernières.

Au final, cette thèse de doctorat propose une réflexion sur les apports des études postcoloniales dans les sciences sociales (et inversement) à partir d’une analyse de la production et de la circulation des identités, en se concentrant sur les mécanismes de production de l’Autre et d’hybridation présents dans les migrations contemporaines des travailleuses domestiques philippines.

Statut terminé
Délai administratif de soutenance de thèse 2016
URL https://www.unige.ch/etudes-genre/fr/equipe/debonneville/
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