Titre

La fabrique de la différence: Double standard dans la prise en charge institutionnelle des violences conjugales en Suisse

Auteur Faten KHAZAEI
Directeur /trice Prof. Janine Dahinden
Co-directeur(s) /trice(s) Prof. Marylène Lieber
Résumé de la thèse

La nette majorité des victimes des violences conjugales dans le monde sont des femmes, et la nette majorité des auteurs de ces violences sont des hommes. Même si ce simple constat désigne comme responsable le système de genre, à l'heure actuelle en Suisse, les administrations en charge de l'action publique ont tendance à tourner les regards en direction de la migration et des migrants.e.s pour comprendre et expliquer les violences conjugales. Cette approche donne l'idée que ce phénomène concernerait tout particulièrement les personnes migrantes, et plus précisément, celles venues des pays du Sud, en raison de leur culture. C’est alors la « culture » qui est incriminée, leur culture en particulier. Ce faisant, lorsque les violences touchent des Suisses.ses d'origine, leurs caractéristiques individuelles sont alors invoquées dans le débat public, tels des troubles psychologiques, un parcours difficile, etc. En d’autres termes, lorsque les violences impliquent des étranger.ère.s, leur «culture sexiste» peut être mobilisée pour expliquer ces comportements violents. En revanche, ce type d’explication n’est pas utilisé pour expliquer les violences lorsqu’elles impliquent des Suisses.ses. Ce qui relève du fait social chez les « autres » ne l’est pas chez « nous ». Ce point de vue pose un enjeu tout particulier dans le cas des institutions de l’État en charge de la lutte contre les violences conjugales. Les modèles explicatifs différenciés qui peuvent être invoqués pour expliquer ces violences sont susceptibles de donner lieu à des méthodes de prises en charge différentes, selon la manière dont les personnes impliquées sont perçues par les agents de ces institutions. De fait, l’objet de cette thèse sera de comprendre comment les agents de ces institutions fabriquent la différence, comment ils catégorisent leurs «clients», quelles sont ces catégories et comment cette catégorisation conduit à un traitement différencié de ces cas. Les outils développés par les études boundary work, tels les concepts de «frontières symboliques» et de «frontières sociales» permettront de saisir ce processus. L’approche «intersectionnelle» développée par les études genre et les études postcoloniales sera également utile pour comprendre toute la variété des articulations de ces catégories. C’est au moyen d’une démarche ethnographique «multi-située» au sein de trois institutions vaudoises en prise avec les violences conjugales, la police, un service hospitalier et un centre d’accueil que nous nous proposons de répondre à cette question. Les observations, entretiens et analyses de la littérature grise permettront de décrire et comprendre avec précision les tenants et aboutissants de l’action de ces institutions et de leurs agents. En outre, l’ambition de ce travail est également de développer la perspective des boundary work par l’étude empirique de la catégorisation en train de se faire.

Statut terminé
Délai administratif de soutenance de thèse 2019
URL http://www.unige.ch/etudes-genre/Equipe-1/FatenKhazaei.html
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